Repenser le leadership : changer les postures ne suffit pas, il faut aussi transformer le système

De nombreuses entreprises s’interrogent aujourd’hui sur la posture de leurs managers. On parle d’agilité, de coaching, de leadership collaboratif… mais les résultats sont souvent en demi-teinte. Pourquoi ? Parce que trop souvent, on cherche à faire évoluer les individus sans interroger en profondeur le système qui les encadre.
📍 Le paradoxe du manager moderne
Le manager d’aujourd’hui est souvent tiraillé entre deux logiques contradictoires : on lui demande d’être un coach à l’écoute de son équipe, tout en répondant à des exigences rigides de conformité, de reporting, de performance chiffrée. Cette double injonction crée une forme de tension permanente qui finit par user les plus engagés.
On attend d’un manager qu’il soit à la fois leader inspirant et garant du cadre… mais sans lui donner les moyens structurels d’incarner cette posture de manière cohérente.
📍 Des croyances héritées toujours actives
Beaucoup d’organisations continuent à fonctionner sur des principes implicites hérités de l’ère industrielle. Parmi les plus fréquents :
• – Un bon manager doit savoir tout ce qui se passe
• – La confiance, ça se mérite
• – L’autonomie, c’est risqué
• – Le contrôle est nécessaire pour garantir les résultats
Ces croyances limitantes freinent l’émergence de pratiques réellement collaboratives, et épuisent les managers pris entre l’ancien système et les attentes nouvelles.
📍 Changer un seul niveau ne suffit pas
Pour qu’un changement managérial prenne racine, il doit s’inscrire dans une démarche globale et cohérente, qui agit simultanément sur trois niveaux :
1️⃣ L’entreprise : les structures de pouvoir, les circuits de décision, les systèmes de reconnaissance.
2️⃣ Les managers : leur posture, leurs outils, leurs marges de manœuvre réelles.
3️⃣ Les équipes : leur degré d’autonomie, leur implication dans la stratégie, leur accès à l’information.
C’est l’alignement de ces trois dimensions qui permet de sortir des ajustements de surface pour entrer dans une logique de transformation durable.
📍 Le système, ce levier souvent oublié
On parle beaucoup de soft skills, d’intelligence émotionnelle, de management bienveillant. Mais tant que l’organisation reste fondée sur le contrôle, la méfiance, et la compétition interne, ces belles intentions restent sans impact.
Transformer le leadership, ce n’est pas seulement outiller les individus. C’est aussi repenser les règles du jeu : qui décide, comment, sur base de quoi, avec quel niveau de transparence et de responsabilisation.
📍 Vers une culture du leadership partagé
Dans les organisations les plus inspirantes, le leadership n’est pas concentré en haut de la pyramide. Il circule. Il s’exprime à différents niveaux, selon les contextes, les expertises, les situations. Cela suppose une confiance mutuelle, une culture de la clarté, et une ouverture à la contribution.
Le rôle du manager évolue : il devient facilitateur de sens, animateur d’intelligence collective, garant du cadre sans être le seul détenteur du pouvoir.
📍 Pour aller plus loin…
Quelques leviers à explorer si vous souhaitez initier cette transformation dans votre organisation :
• – Interroger les croyances implicites qui guident vos pratiques de management
• – Ouvrir les espaces de dialogue stratégique avec les équipes terrain
• – Repenser les critères de reconnaissance et d’évaluation managériale
• – Offrir aux managers un cadre clair ET une marge d’autonomie réelle
• – Réfléchir collectivement à ce que signifie « être leader » dans votre contexte
Le changement ne se décrète pas. Il se construit, pas à pas, en alignant la structure, la culture et les postures. Et si vous faisiez le point sur votre organisation ?
